L’auto-compassion : un chemin vers une relation bienveillante avec soi-même
Avez-vous déjà remarqué cette petite voix intérieure qui vous juge constamment ? Celle qui vous dit que vous n’êtes pas assez performant, pas assez courageux, pas assez… tout court ? En tant que praticien en gestalt thérapie, je rencontre quotidiennement des personnes qui souffrent de cette autocritique excessive. J’en ai moi-même longtemps souffert. Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous une approche qui a transformé non seulement ma pratique professionnelle, mais aussi ma vie personnelle et celle de beaucoup d’autres : l’auto-compassion.
L’auto-compassion : au-delà des idées reçues
Pour la suite de cet article, je m’appuie sur les enseignements de l’IFAS et les travaux de Kristin Neff, grande spécialiste du sujet. Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’auto-compassion n’est pas de la complaisance ou de l’apitoiement sur soi. L’auto-compassion est la capacité de se donner du soutien, de reconnaître sa souffrance avec empathie. C’est comme un ami bienveillant intérieur qui nous accompagne dans les moments difficiles. Imaginez un instant : comment réagiriez-vous si un ami proche vivait une situation difficile ? Probablement avec compréhension et soutien. L’auto-compassion consiste simplement à s’accorder cette même bienveillance.
Les trois piliers de l’auto-compassion
- La bienveillance envers soi-même : Au lieu de nous flageller pour nos erreurs, apprenons à nous traiter avec douceur. La bienveillance, contrairement aux idées reçues, commence par soi-même. C’est reconnaître que nous faisons de notre mieux, même quand ce mieux n’est pas parfait.
- L’humanité commune : Nos difficultés ne nous isolent pas – elles nous connectent à l’expérience humaine universelle. Nous ne sommes pas seuls dans nos luttes.
- La pleine conscience : Observer nos pensées et émotions sans jugement, sans les minimiser ni les exagérer. C’est un sujet que j’ai traité dans cet article.
L’auto-compassion comme source de motivation
Une des découvertes les plus surprenantes de mon parcours est que l’auto-compassion n’est pas l’ennemie de la motivation – elle en est l’alliée. Contrairement à l’autocritique qui nous paralyse et nous donne l’illusion du contrôle, l’auto-compassion nous donne le courage d’affronter nos échecs et d’en retirer un apprentissage. Elle nous donne le courage de les regarder en face.
Prenons un exemple concret : imaginons que vous ayez manqué un objectif important au travail. Cela parle à tout le monde. L’autocritique dirait : « Tu es nul, tu ne réussis jamais rien. » L’auto-compassion, elle, dirait : « C’est une situation difficile, mais elle ne définit pas ta valeur. Que peux-tu apprendre de cette expérience ?«
Applications pratiques au quotidien
Pour cultiver l’auto-compassion, voici quelques exercices que je propose à mes clients et que vous pourriez mettre en oeuvre très facilement :
- La Pause Compassion : Lors d’un moment difficile, prenez une respiration profonde et demandez-vous : « Qu’est-ce qui se passe pour moi maintenant ? De quoi ai-je besoin à cet instant ?«
- La Lettre à Soi-même : Écrivez-vous comme vous écririez à un ami cher traversant la même situation. Cela peut être court et je recommande le bon vieux papier-crayon car il permet la bonne distance. Remarque : si vous êtes plus à l’aise avec un mobile, vous pouvez aussi vous faire un « vocal à soi-même ».
- L’Ancrage dans le Corps : Posez une main sur votre cœur lors des moments de stress, rappelant physiquement votre intention d’être bienveillant envers vous-même. Ecoutez les sensations corporelles que ce geste implique.
Les bénéfices à long terme
L’auto-compassion n’est pas une solution miracle, mais un chemin. Cela n’efface pas les peurs, ni ses enjeux de développement. Avec le temps, j’ai observé autant chez moi que chez mes clients :
- Une réduction de l’anxiété et du stress,
- Une meilleure résilience face aux défis,
- Des relations plus authentiques,
- Et non des moindres, une plus grande capacité à prendre soin de soi.

Pour conclure
L’image est probablement simpliste mais elle a le mérite d’être adaptée : l’auto-compassion est comme un jardin intérieur à cultiver avec patience. Elle ne supprime pas les difficultés de la vie, mais nous donne les ressources pour y faire face avec plus de douceur et de sagesse.
Je vous invite à commencer doucement. « Doucement », « à son rythme », « sans injonction », « sans quête de résultats immédiats », c’est déjà de la bienveillance envers soi. Peut-être que vous pouvez vous accorder aujourd’hui un moment de gentillesse envers vous-même. Rappelez-vous : être imparfait fait partie de l’expérience humaine et c’est précisément dans ces imperfections que réside notre humanité et notre singularité.
Avez-vous des expériences personnelles avec l’auto-compassion ? Je serais ravi de lire vos messages et d’échanger sur ce sujet qui me tient particulièrement à cœur.
