5 stratégies inspirées de la Gestalt pour passer à l’action et réguler vos émotions
Dans notre monde en constante évolution, il est facile de se sentir dépassé, bloqué ou submergé par nos émotions. Que ce soit dans notre vie professionnelle ou personnelle, ces sentiments peuvent nous empêcher d’avancer et de réaliser notre plein potentiel. C’est là que la Gestalt thérapie, une approche holistique du développement personnel, peut nous offrir des outils précieux.
Cet article vous présente cinq stratégies puissantes, inspirées de la Gestalt que j’apprends et pratique depuis 5 ans désormais, pour vous aider à passer à l’action et à mieux réguler vos émotions. Chaque stratégie est accompagnée d’explications, d’exercices pratiques et d’exemples inspirés du réel pour vous permettre de les appliquer immédiatement dans votre vie.
1. La technique du “ici et maintenant”
Dans notre société hyperconnectée, nous passons souvent plus de temps à ruminer le passé ou à nous inquiéter de l’avenir qu’à vivre pleinement le moment présent. Cette dispersion mentale peut nous empêcher d’agir efficacement et augmenter notre niveau de stress et d’anxiété. Ainsi nous alternons entre resasser le passé et anticiper un futur de manière négative, nous sommes en conséquence peu dans le moment présent.
La Gestalt met l’accent sur l’importance du moment présent, considérant que c’est uniquement dans l’ici et maintenant que nous pouvons véritablement agir et effectuer des changements. En effet, nous ne pouvons réécrire le passé pas plus que nous avons de pouvoir sur un futur qui n’existe pas encore. C’est donc dans le présent que nous avons du pouvoir. Cette approche nous invite à développer notre conscience du moment présent, à être pleinement attentifs à nos sensations, nos pensées et nos émotions actuelles.
Quand nous ne sommes pas ancrés dans le présent, nous risquons de :
- Passer à côté d’opportunités importantes,
- Prendre des décisions basées sur des peurs futures ou des regrets passés plutôt que sur la réalité actuelle,
- Augmenter notre niveau de stress et d’anxiété,
- Perdre notre capacité à apprécier pleinement nos expériences de vie.
En pratiquant la technique du “ici et maintenant” (appelée aussi “awareness” en gestalt), nous pouvons :
- Améliorer notre concentration et notre productivité en mettant l’accent sur l’observation interne,
- Réduire notre stress et notre anxiété,
- Prendre des décisions plus éclairées, basées sur la réalité présente,
- Augmenter notre sentiment de bien-être et de satisfaction dans la vie.
Exercice pratique
Prenez 5 minutes chaque matin (ou à un autre moment de la journée) pour pratiquer la pleine conscience. Asseyez-vous confortablement, fermez les yeux (ou limitez votre distraction visuelle en fixant un point) et concentrez-vous sur votre respiration sans chercher à la modifier. Observez vos pensées sans les juger. Les moments d’évasion sont fréquents et font partie intégrante de notre fonctionnement mental. Si votre esprit s’égare, ramenez doucement votre attention sur votre respiration (ou tout autre objet d’attention qui vous convient le mieux, les sensations dans les mains, les bruits que vous entendez …). Je vais vous donner un secret qui a changé ma pratique : il n’y a pas ni bonne ou mauvaise façon de faire, de même, qu’il n’y a rien à accomplir d’autre que de ramener son attention aux sensations. C’est notre capacité à revenir dans le présent que nous cultivons ainsi. Plus vous l’exercerez plus vous pourrez vous recentrez, plus vous pourrez vous ajuster plutôt que de vous adapter.
Exemple concret
Marie, une cliente de 35 ans, se sentait anxieuse à l’idée de démarrer un nouveau projet au travail. Chaque fois qu’elle pensait au projet, son esprit était envahi par des souvenirs d’échecs passés et des inquiétudes sur les potentielles difficultés futures. En pratiquant cet exercice quotidiennement, Marie a commencé à remarquer ses schémas de pensée. Elle a réalisé que son anxiété était largement alimentée par des projections futures et des expériences passées, plutôt que par la réalité actuelle du projet. En se recentrant sur le présent, elle a pu aborder son projet avec un nouvel état d’esprit. Elle a commencé à se concentrer sur les tâches qu’elle pouvait accomplir chaque jour, plutôt que de s’inquiéter de l’ensemble du projet. Cette approche lui a permis de réduire son anxiété et d’être plus productive dans son travail.
2. L’exploration des polarités
C’est peut être une évidence mais il est important de rappeler que la vie n’est pas toujours simple et linéaire. Souvent, nous nous trouvons tiraillés entre différentes options, désirs ou peurs. La Gestalt reconnaît que nous avons fréquemment des parties de nous-mêmes en conflit, ce qu’elle appelle des “polarités”.
Ignorer ces polarités peut mener à :
- Une paralysie décisionnelle,
- Des conflits internes non résolus,
- Un sentiment de frustration et d’insatisfaction,
- Des comportements ambivalents, contradictoires et inefficaces.
L’exploration des polarités nous permet de :
- Mieux comprendre nos motivations et nos freins,
- Prendre des décisions plus éclairées et alignées avec nos valeurs,
- Résoudre des conflits internes,
- Intégrer différentes parties de notre personnalité pour un meilleur équilibre.
Exercice pratique
Identifiez une situation où vous vous sentez bloqué(e). Écrivez deux colonnes : d’un côté, les raisons de passer à l’action, de l’autre, les raisons de ne pas le faire. Explorez ces deux aspects de vous-même avec curiosité et sans jugement. Essayez de comprendre ce que chaque partie cherche à accomplir ou à protéger. “Les raisons de ne pas faire” vous protègent de quelque chose, elles ont aussi leur place. Si vous avez du mal à explorer cette colonne spécifiquement, posez-vous la question sans vous juger : “de quoi vous protège-t-elle ?”
Exemple concret
Lucas, un cadre de 42 ans, hésitait à candidater à une promotion. D’un côté, il désirait progresser dans sa carrière et relever de nouveaux défis. De l’autre, il craignait de ne pas être à la hauteur et de perturber l’équilibre qu’il avait trouvé entre sa vie professionnelle et personnelle. En explorant ses polarités, Lucas a réalisé que sa peur de l’échec (une partie de lui) était en conflit avec son désir de progression (une autre partie). Il a compris que sa peur cherchait à le protéger de la déception et du stress, tandis que son ambition visait à le faire grandir et s’épanouir professionnellement. Cette prise de conscience sans jugement lui a permis de trouver un équilibre. Au lieu de voir ces deux parties comme contradictoires, il a cherché comment les intégrer. Il a décidé de postuler pour la promotion tout en établissant un plan pour maintenir un équilibre travail-vie personnelle et en identifiant des ressources pour l’aider à relever les nouveaux défis.
3. La technique du “parler à”
Nos conflits internes se manifestent souvent sous forme de dialogues intérieurs incessants et peu productifs. La Gestalt propose une approche unique pour résoudre ces conflits : externaliser ce dialogue et lui donner une forme concrète, c’est le “parler à” popularisé par Fritz Perls.
Lorsque nous n’adressons pas ces dialogues internes de manière constructive, nous risquons de :
- Rester bloqués dans des schémas de pensée négatifs,
- Prendre des décisions basées sur des peurs ou des croyances limitantes,
- Perdre de l’énergie mentale dans des débats internes sans fin,
- Manquer des opportunités de croissance personnelle.
La technique du dialogue intérieur nous permet de :
- Clarifier nos pensées et nos émotions,
- Résoudre des conflits internes de manière créative,
- Développer une meilleure compréhension de nous-mêmes,
- Trouver des solutions innovantes à nos problèmes.
Exercice pratique
Identifiez deux parties de vous en conflit (par exemple, la partie qui veut agir et celle qui a peur). Vous pouvez compléter l’exercice précédent avec cette approche. Asseyez-vous face à une chaise vide et engagez un dialogue, en changeant de chaise pour représenter chaque partie. Laissez chaque partie s’exprimer librement, sans censure.
Exemple concret
Najette, une chef de projet de 32 ans, a utilisé cette technique pour gérer son stress au travail. Elle se sentait constamment tiraillée entre son désir de mieux gérer ses projets et sa peur de l’épuisement. Dans son désir de mieux gérer ses projets, il lui arrivait de rédiger 2 à 3 fois plus de slides pour une présentation que ce qui était demandé, anticipant ainsi toutes les questions que l’on aurait pu lui poser au détriment de sa santé. Lors d’une séance, nous avons réalisé ce qui suit : Najette a placé deux chaises face à face. Sur l’une, elle a représenté sa “partie ambitieuse”, sur l’autre, sa “partie prudente”. Malgré un démarrage difficile, elle a alterné entre les deux chaises, laissant chaque partie s’exprimer librement. La partie ambitieuse disait : “Je dois saisir toutes les opportunités pour mieux gérer mes projets. C’est maintenant ou jamais !” La partie prudente répondait : “Mais si je travaille trop, je vais m’épuiser, finir en burnout et tout perdre. Je dois absolument prendre soin de moi.” En dialoguant entre ces deux parties, Najette a réalisé qu’elles avaient toutes deux des points valables. Elle a pu trouver un compromis : établir un plan de développement réaliste qui incluait des temps de repos et de récupération. Ce dialogue lui a permis de s’apaiser et d’être plus efficace, en intégrant les besoins de ces deux aspects d’elle-même sans chercher à opposer ses polarités.
4. L’expérimentation créative
La Gestalt considère que le changement ne vient pas seulement de la compréhension intellectuelle, mais surtout de l’expérience vécue. C’est dans le corps que s’inscrit ce vécu. C’est pourquoi la Gestalt encourage l’expérimentation active comme moyen de découvrir de nouvelles façons d’être et d’agir.
Quand nous restons dans nos habitudes et nos zones de confort, nous risquons de :
- Manquer des opportunités de croissance et d’apprentissage,
- Rester bloqués dans des schémas comportementaux inefficaces,
- Perdre notre créativité et notre capacité d’ajustement,
- Ressentir de l’ennui et de la stagnation dans notre vie.
L’expérimentation créative nous permet de :
- Découvrir de nouvelles solutions à nos problèmes,
- Développer notre flexibilité psychologique et notre adaptabilité,
- Stimuler notre créativité et notre innovation,
- Sortir de notre zone de confort de manière ludique et productive.
Exercice pratique
Choisissez une petite action que vous remettez à plus tard. Trouvez une façon créative et ludique de l’accomplir. Par exemple, si vous procrastinez sur le rangement, posez dès à présent que ce n’est pas une “tare” ou que sais-je. Il y a toujours une véritable raison qui nous pousse à reporter quelque chose. Le reconnaître, c’est un premier pas vers la mise en action, c’est un premier pas vers plus de bienveillance envers soi-même. J’ose dire que notre procrastination a besoin que l’on prenne soin d’elle pour s’apaiser.
Ensuite vous avez plusieurs possibilités : la première, découpez cette tâche en plus petites tâches séquentielles et attaquez immédiatement la première et ainsi de suite. La deuxième, transformez le rangement en jeu en vous chronométrant (ou en fixant un temps raisonnable). La troisième, en écoutant un podcast qui vous plaît ou en écoutant de la musique entraînante. Evitez toute distraction type réseaux sociaux qui vous interrompera dans cet élan. Pour finir, félicitez vous réellement et valorisez votre accomplissement.
Exemple concret
Faudel, un entrepreneur de 45 ans, avait du mal à contacter de nouveaux clients. Les appels téléphoniques le stressaient et il repoussait constamment cette tâche. Accompagné dans l’approche d’expérimentation créative, Faudel a décidé de transformer cette tâche redoutée en défi personnel. Au lieu de se concentrer uniquement sur la vente, il s’est fixé l’objectif d’avoir une conversation intéressante avec chaque prospect. A chaque échange, il s’est concentré sur la qualité de la relation tout en acceptant que le “non” était possible dans ce type d’échange et que ce “non” ne s’adressait pas à sa propre personne. Il s’est aussi concentré sur mieux connaître ses prospects avant un appel, une activité qu’il appréciait particulièrement et qui lui donnait naturellement envie d’en savoir plus. Cette approche a transformé ses appels de prospection d’une tâche stressante en une activité engageante et valorisante. Non seulement Faudel a surmonté sa réticence à faire ces appels, mais il a aussi amélioré ses relations avec les clients potentiels, ce qui a conduit à une augmentation de ses prises de rendez-vous et donc de ses ventes.
5. La prise de responsabilité émotionnelle
Trop souvent, nous avons tendance à blâmer les circonstances extérieures ou les autres pour nos émotions et nos actions. “C’est à cause de mon patron que je suis stressé”, “Si seulement mon partenaire changeait, je serais heureux”. Cette attitude nous place dans une position de victime, nous laissant impuissants face à nos propres expériences émotionnelles et comportementales.
Quand nous ne prenons pas la responsabilité de nos émotions et de nos actions, nous risquons de :
- Rester bloqués dans des schémas négatifs récurrents que l’on appelle “reproduction”,
- Perdre notre pouvoir personnel et notre capacité à effectuer des changements positifs,
- Développer du ressentiment envers les autres et les circonstances.
C’est pourquoi la Gestalt nous encourage vivement à prendre la responsabilité de nos émotions et de nos actions. Cette approche reconnaît que, bien que nous ne puissions pas toujours contrôler ce qui nous arrive, nous avons le pouvoir de choisir comment nous y réagissons.
Donovan : Vous ne semblez pas inquiet ?
Abel : Est-ce que ça aiderait ?
Le pont des espions (2015)
En assumant cette responsabilité, nous :
- Gagnons en autonomie et en confiance en nous,
- Développons une meilleure compréhension de nos processus internes,
- Améliorons nos relations en communiquant de manière plus authentique.
Prendre la responsabilité de nos émotions, c’est reconnaître notre pouvoir de choisir notre réponse face aux événements de la vie. C’est le premier pas vers une vie plus consciente et épanouie.
Arnaud Sébal sur son blog
Exercice pratique
Lorsque vous ressentez une émotion forte, utilisez des phrases commençant par “Je” plutôt que “Tu” ou “Ils”. Par exemple, au lieu de dire “Cette situation me stresse”, dites “Je me sens stressé(e) face à cette situation”.
Exemple concret
Elodie, une directrice RH de 32 ans, se sentait souvent frustrée au travail. Elle avait l’habitude de dire “Mes collègues me rendent folle” ou “ce projet ne va jamais finir”. En pratiquant cet exercice, elle a commencé à reformuler ses pensées : “Je me sens frustrée quand mes collègues agissent de cette façon” et “Je trouve ce projet difficile à gérer”. Ce simple changement dans la façon de dialoguer avec elle-même l’a aidée à réaliser qu’elle avait le pouvoir de changer sa réaction émotionnelle, même si elle ne pouvait pas toujours changer les circonstances. C’est aussi une façon de reconnaître une situation et de prendre de la distance comme un observateur ou une observatrice. Reconnaître cet état émotionnel que l’on soit d’accord ou non avec, lui a permis d’améliorer sa situation, comme communiquer plus clairement avec ses collègues ou demander de l’aide pour le projet difficile. En adoptant cette approche, Elodie a non seulement amélioré son bien-être au travail, mais elle a aussi constaté des améliorations dans ses relations personnelles et autour d’elle. Elle est passée d’un état de frustration constante à une position d’actrice de sa vie professionnelle et personnelle.
Conclusion
Ces cinq stratégies inspirées de la Gestalt de Fritz Perls et de la Gestalt Integrative d’Arnaud Sébal – ‘l’ici et maintenant”, l’exploration des polarités, le dialogue intérieur, l’expérimentation créative et la prise de responsabilité émotionnelle – offrent des outils puissants pour passer à l’action et mieux gérer vos émotions.
En les appliquant régulièrement dans votre vie quotidienne, vous pouvez :
- Réduire votre stress et votre anxiété,
- Améliorer votre prise de décision,
- Renforcer vos relations personnelles et professionnelles,
- Développer une meilleure compréhension de vous-même,
- Augmenter votre sentiment de contrôle sur votre vie.
Notez que les prénoms ont été changés pour préserver la confidentialité.
Rappelez-vous que le changement est un processus. Chaque petit pas compte. En appliquant ces stratégies inspirées de la Gestalt, vous vous donnez les moyens de passer à l’action et de réguler vos émotions de manière plus efficace.
Alors n’attendez plus ! Le meilleur moment pour commencer, c’est maintenant. Quelle stratégie allez-vous mettre en pratique aujourd’hui ? Votre voyage vers une meilleure régulation de vos émotions et une vie plus épanouie commence avec ce premier pas.
Vous souhaitez être accompagné(e) dans cette transformation ? Discutons-en sans plus tarder, sans aucun engagement.
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